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| representation positive de la vieillesse | |
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clay77 Administrateur
Nombre de messages : 3907 Age : 41 Date d'inscription : 07/05/2006
| Sujet: representation positive de la vieillesse Ven 28 Déc - 13:34 | |
| La canicule de cet été 2003, qui a entraîné des milliers de morts parmi la population âgée (surtout en France), a au moins le mérite de (re)poser deux questions fondamentales, toutes deux axées sur l'importance de la solidarité humaine : l'une concerne l'avenir de la planète et l'autre le devenir de la vieillesse dans une société à l'apogée de l'individuation. Vivre ensemble, vieillir en lien avec les autres tout en gardant son autonomie, tout en préservant les autres couches de la population, reste un défi d'actualité. L'autonomie des personnes âgées est donc un concept intéressant car il permet de préciser cette dialectique entre individualisation et solidarité. Cependant, son origine est essentiellement éthique et, pour l'opérationnaliser, nous avons besoin de l'aide des sciences. L'analyse systémique, l'actionnalisme, la philosophie nous ont permis de proposer un modèle pour les professionnels de la santé et du social. Le but est de reconstruire des représentations des personnes âgées afin que celles-ci puissent davantage se réaliser comme « sujets » et « acteurs sociaux ». Les professionnels de la santé et du social parlent volontiers de « développer l'autonomie de la personne âgée » tout en se plaignant de la difficulté d'y arriver. Ceci n'est pas étonnant mais ils semblent aussi ne pas savoir comment s'y prendre : « stimuler, stimuler, nous dit-on, mais que faire quand tout ce qu'on propose est refusé par les personnes âgées elles-mêmes ?», disait une étudiante. Le terme d'autonomie est fort (trop ?) utilisé dans les Etats qui valorisent la « Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ». S'agit-il d'une chance à saisir pour aider les (futurs) professionnels de la santé et du social à converger, avec la participation des usagers, vers un même idéal, un but commun ? Est-ce un concept « fourre-tout » qui empêche, in fine,de réellement respecter cette valeur universellement prônée à cause des confusions qu'il entraîne ? Vu la littérature, il nous semble incontournable dans une formation professionnelle d'aide aux personnes, âgées ou non, à condition de le préciser, d'analyser les représentations qu'il induit, de l'opérationnaliser. Dans le cadre d'une maîtrise en gérontologie sociale, notre hypothèse était celle-ci : des modèles professionnels qui éludent une ou plusieurs dimension(s) de l'être humain (organique, psychique ou symbolique) induisent des effets pervers tant au niveau de la réponse des professionnels que de la demande des personnes âgées vis-à-vis des professionnels et des services collectifs. Cette hypothèse se complétait d'une proposition : l'analyse systémique (Bateson) [1], l'actionnalisme (Touraine) [2], le modèle autonomique (Malherbe) [3] sont des portes d'entrée pour proposer un modèle professionnel (Re)définissant: | |
| | | clay77 Administrateur
Nombre de messages : 3907 Age : 41 Date d'inscription : 07/05/2006
| Sujet: Re: representation positive de la vieillesse Ven 28 Déc - 13:34 | |
| la santé, la maladie des personnes âgées, les rapports personne âgée/travailleurs de la santé et du social, les rapports personne âgée/société, de telle sorte que les professionnels aient des représentations de rôles favorisant l'autonomie des personnes âgées. Nous avons utilisé comme méthodes : l'analyse de la littérature pour préciser le concept d'autonomie, la construction d'une grille d'analyse pour avoir des indicateurs de « l'autonomie des personnes âgées » ; la déduction des relations qui existent entre les modèles professionnels proposés et les problèmes éthiques rencontrés dans les interventions l'élaboration d'un modèle pédagogique appelé « modèle autonomisant » destiné à la formation des travailleurs de la santé et du social dans leurs relations d'aide avec les personnes âgées | |
| | | clay77 Administrateur
Nombre de messages : 3907 Age : 41 Date d'inscription : 07/05/2006
| Sujet: Re: representation positive de la vieillesse Ven 28 Déc - 13:35 | |
| 1. Les représentations sociales relatives aux personnes âgées. Qu'avons-nous constaté concernant ces représentations sociales ? 1.1.Une confusion entre « indépendance » et « autonomie ». « Parler la même langue et ne pas parler le même langage est une des causes d'échec dans la communication interpersonnelle» [4]. Réduire le fait d'être autonome à la situation d'indépendance engendre des effets pervers. Il est donc important de bien savoir ce que chacun veut dire et donc faire. Pour cela, précisons ces concepts à l'aide du tableau suivant : A. Concept d’autonomie (droit à l'autodétermination, à choisir sa vie). => Ceci implique la capacité de : percevoir le monde environnant et l'interpréter, vouloir un plan d'action (autonomie de volonté), clarifier son échelle de valeurs (autonomie de pensée), échanger pour pouvoir être autonome car les êtres humains sont interdépendants (autonomie d'action). => Il est tout à fait possible d'être autonome tout en étant dépendant (sous certaines conditions à définir) <-> L'individu se centre sur le développement de ses relations et l'efficacité des communications. B. Concept d’indépendance (état de celui qui subvient lui-même à ses besoins). => capacités d'autosuffisance en plus des capacités citées dans l'autonomie mais l'absence de dépendance à l'autre pourrait entraîner : <-> le minimum d'échanges vu que la relation à l'autre n'est pas indispensable, <-> refus de l'interdépendance de peur d'être soumis à un autre, => théoriquement, il est plus facile d'être autonome en étant indépendant, mais cela peut être aussi un piège. <-> L'individu se centre sur le développement de ses propres capacités. Les représentations de la santé, la maladie, la place dans la société des personnes physiquement dépendantes sont donc assez différentes selon que l'on vise l'indépendance plutôt que l'autonomie. Dès lors, si on confond ces concepts, on se trompe d'objectifs. Par exemple, si des infirmières veulent développer l'indépendance des personnes soignées, apprendre à faire leurs soins elles-mêmes sera l'objectif principal. Par contre, si les professionnels prônent l'autonomie, ils vont d'abord écouter et construire ensemble, avec les soignés et leur famille, un plan d'actions satisfaisant pour tout le monde. | |
| | | clay77 Administrateur
Nombre de messages : 3907 Age : 41 Date d'inscription : 07/05/2006
| Sujet: Re: representation positive de la vieillesse Ven 28 Déc - 13:36 | |
| 1. 2. Représentations et modèles théoriques Nous avons mis en évidence quelles représentations des personnes âgées étaient induites par les modèles utilisés dans les formations professionnelles de la santé et du social : les disciplines ont délimité et partagé leurs territoires respectifs et les personnes sont morcellées de même. Ainsi, une personne âgée exprimant sa détresse existentielle par une plainte organique sera "traitée" par des médicaments, par exemple, sans espoir d'arriver à la véritable demande parce que les modèles organique et adaptatif ne stimulent pas les praticiens à poser des questions à la dimension psychique ou symbolique du « patient » en face d'eux. Ceci entraîne : une focalisation sur l'organique aux dépens des dimensions psychique et symbolique [5] ; une omission de l'impact des facteurs liés à l'évolution culturelle et aux faits de société un " âgisme " dans les diagnostics, c'est-à-dire un traitement différent pour les plus de 70 ans comme si c'était l'âge qui créait la dépendance alors qu'en fait le vrai tournant se fait lors d'une maladie ou d'un accident qui crée le handicap.
1.3. Les conséquences de ces représentations partielles et partiales sont multiples : Les offres de services se font surtout en termes de soins au corps physique. Ceci favorise la déviance des demandes des personnes âgées : les souffrances psychiques et symboliques sont exprimées comme le proposent les soignants, souvent sous forme de plaintes organiques. Les besoins s'en trouvent insatisfaits. Par exemple, une vieille dame vivait seule dans une petite maison sans gros problème de santé à part un peu de rhumatismes. Le médecin traitant passait une fois par mois, surtout pour maintenir le contact. Il était une des seules visites que recevait cette personne. Un jour, elle se plaint à une voisine qu'elle ne peut plus entretenir sa maison. Celle-ci parle d'aide senior et propose d'avertir le service de la commune. Une assistante sociale vient faire une enquête sur les revenus et explique que madame devra payer très peu, vu sa petite pension. La vieille dame se met alors dans une colère noire, sort de sa maison en hurlant « Au voleur! Au voleur! ». Médusée, l'assistante sociale est partie, persuadée de sa folie. Peu de temps après, la vieille dame a été placée dans un home. Que s'était-il passé dans l'imaginaire de chacun ? Pour la vieille dame, l'attention de la voisine répondait à un besoin de relations sociales et elle a répondu positivement à son conseil, d'autant plus qu'elle espérait trouver la même amitié de la personne qui viendrait l'aider dans sa maison. Pour l'assistante sociale, au contraire, il s'agissait d'un travail qui n'était rétribué que par une minime contribution. N'avait-elle pas la formation nécessaire pour comprendre les sentiments de la vieille dame et réorienter sa demande ? Imaginons la situation si fréquente où une personne soi-disant entre dans le jeu de l'offre des services presque gratuits lorsqu'ils traitent des problèmes physiques alors qu'ils sont très coûteux et moins accessibles lorsqu'il s'agit de la santé mentale. Dans un premier temps la personne âgée est heureuse des soins mais très vite elle peut être frustrée car ses attentes ne sont pas satisfaites. Suivant sa personnalité cette frustration peut s'exprimer en agressivité vis-à-vis de l'aidant, en d'autres cas, elle s'exprime par des plaintes somatiques ou par diverses réactions qui ne sont compréhensibles que si on aborde le véritable problème. En attendant de défaire le nœud gordien, combien de professionnels ne feront pas les frais de demandes de services mal écoutées ? Et combien cela coûte-t-il à la collectivité ? Le « grisonnement » des budgets des soins de santé (de maladie, devrait-on dire), conséquence du constat précédent : le cercle vicieux des demandes insa-tisfaites qui engendrent de nouvelles demandes, accroît le poids des personnes âgées dans les coûts médico-sociaux. « A ne traiter que les symptômes et les images, faute de s'engager dans une politique résolue de prévention de la perte d'insertion et de la perte d'autonomie, on n'a pas supprimé le mal : la marginalisation de la vieillesse. On a développé en revanche de nouvelles demandes qui s'orientent désormais vers l'Etat et risquent d'entraîner ce dernier à la fois dans une crise budgétaire et dans une crise de légitimation, à mesure qu'un décalage croissant s'instaurera entre des attentes de plus en plus étendues et dépendantes de l'Etat et des réponses publiques parcellaires, incapables d'enrayer le cercle des aspirations et des insatisfactions » [6]. La dépendance et l'exclusion sociale des personnes âgées en demande d'aide. Par exemple, les politiques de retraite et de vieillesse ont favorisé un certain bien-être mais elles construisent un modèle de la vieillesse comme un temps de vie se définissant par un statut social "à charge et en marge de la société" [7]. Pourtant, les coûts ainsi engagés pourraient être utilisés à rétribuer des programmes où les réciprocités [8] intergénérationnelles seraient positives. On s'enferme ainsi dans un mode de consommation et dans des rapports non réciproques. Les programmes, plutôt que de prévenir la perte d'autonomie, contribuent, paradoxalement à renforcer la dépendance et la ségrégation sociale Le danger de la généralisation de ces représentations à l'ensemble des personnes au-delà de 70 ans. Chaque personne âgée a une histoire qui la rend particulièrement unique et des représentations indifférenciées où on parle de LA personne âgée, empêche de trouver des solutions multiples, adaptées et variables suivant les situations réelles. 2. Pour une représentation positive de la vieillesse. La formation des professionnels est primordiale pour dépasser les clichés, préjugés concernant la santé, la vie, ce qui est bon ou mal venu pour « nos vieux". Les débats qui ont suivi le cortège de décès cet été, ont encore mis en évidence combien la gériatrie souffrait de manque de personnel et de moyens, lié à une image négative de ce secteur, tant des politiques que des professionnels. Tous les membres de la société mais aussi les travailleurs de la santé et du social ont besoin de modèle positif qui représente les personnes âgées comme des êtres autonomes, c'est-à-dire qu'elles peuvent s'affirmer, choisir leur vie et avoir une place dans des groupes d'appartenance, ce que Touraine appelle des « sujets » et des « acteurs sociaux » [9]. En effet, la personne âgée comme tout être humain est un système ouvert et tridimensionnel (physique, psychique et symbolique) car l'homme est capable d'autopoïèse jusqu'à sa mort, c'est-à-dire qu'il est capable de s'autofabriquer, s'autoproduire : « il est un artiste qui se sculpte lui-même tout en vivant son existence » [10]. La santé des P.A. dépend donc de leur capacité à s'adapter c'est-à-dire à réaliser un double processus : l'accommodation et l'assimilation. Cette dernière est l'incorporation d'objets nouveaux, tandis que la première est la modulation en fonction de particularités propres. Une adaptation réussie passe par une coordination entre la personne âgée et ses différents systèmes d'insertion (famille, quartier...). Pour cela, la personne doit rester ouverte aux changements. En effet, lorsque le système se rigidifie dans une solution type qui n'est plus adaptée à la nouvelle réalité, la « maladie » peut s'installer progressivement : c'est la « panne », la non-résolution d'un problème. Vivre implique de surmonter des difficultés à chaque instant. La santé est cette compétence d'utiliser toutes ses ressources. Exemple chez une personne âgée : une dame fort dynamique a une grande maison. Elle l'entretient avec l'aide d'une ménagère à raison de quatre heures par semaine. Une sclérose en plaque se déclare. Pendant des années elle soigne sa maladie mais ne transforme pas structurellement sa maison et refuse à demander de l'aide. Il en résulte dépression et agressivité par rapport à son entourage. Le jour où elle a accepté l'irréversibilité de son handicap, elle réenvisage toute son organisation et un nouvel équilibre s'instaure. Nous pouvons conclure que la santé est relative : madame se sent bien, en bonne santé compte tenu des contraintes physiques compensées par une nouvelle manière d'envisager sa vie et celle de son entourage. Par conséquent, la santé de la personne âgée est un équilibre dynamique de tout instant afin d'assimiler et d'accommoder les apports extérieurs en fonction de toutes ses dimensions. Elle dépend de sa capacité de rester un système ouvert tout en restant fidèle au sens de son histoire personnelle. Or, on peut se demander si les personnes âgées ne doivent pas s'adapter à trop de changements, ce qui entraîne trop de crises pour un réel équilibre. Souvent, on présente la personne âgée comme ayant des incapacités d'adaptation liées aux déficiences physiques ou intellectuelles, mais n'est-ce pas la rapidité, la succession et la profondeur des crises qui empêchent la « digestion» efficace avant qu'une autre ne survienne ? Les crises des systèmes humains sont inévitables et viennent de la situation paradoxale suivante : ils appartiennent à deux systèmes primaires incompatibles, le biologique en perpétuel changement et le symbolique orienté vers la stabilité [11]. Lors de la vieillesse, les crises sont multiples et dans des domaines très différents. Aussi pouvons-nous considérer les déficiences physiques comme une multitude de mini-crises, des dérapages successifs du contrôle sur son histoire. Les individus sont des systèmes plus ou moins ouverts suivant leurs histoires et choix de vie. Tout changement est plus ou moins assimilé (appropriation) suivant le degré d'équilibre entre différenciation et ouverture du système. L'idéal serait que plus il y a différenciation plus le système s'ouvre. Or, ceci est naturellement difficile à l'être humain : plus son système symbolique est original, plus il a tendance à le défendre et la fuite ou le retrait sont des formes d'autodéfense spontanées et efficaces dans un premier temps mais qui mènent à la catastrophe à long terme, par exemple la confusion. Lorsque ce système est en difficulté, il communique à son entourage que « cela ne va pas » et ce message peut être du langage physique (exemple : fièvre) ou du verbal (exemple : écoute-moi) ou du symbolique (exemple : demande de chirurgie esthétique) ou une combinaison de plusieurs types de communications qui peuvent d'ailleurs être contradictoires, révélant par-là la confusion, l'ambivalence du système. Considérer ce symptôme comme la maladie peut être une erreur grave : la réponse peut aggraver la confusion et perturber définitivement les facultés d'adaptation. C'est ainsi qu'une crise peut se transformer en «panne» selon l'idée de P.-H.Caillé [12]. Par exemple, une personne criant son chagrin lors de la mort de sa sœur, a été hospitalisée et calmée par des médicaments mais ensuite elle a sombré dans la démence en confondant le deuil de sa sœur avec celui de son mari. Il a fallu arrêter les médicaments et reconstruire avec elle toute son histoire pour qu'elle retrouve ses repères. Les gériatres sont très conscients du risque de refuge dans le passé pour les personnes âgées. Le travail d'équipe est essentiel pour privilégier les communications de telle sorte qu'elles continuent à rester dans le présent tout en « digérant » leur passé. La méthode des « récits de vie » est un moyen pour atteindre ce but. La « maladie dans le modèle autonomisant est donc une crise de l'ensemble du système qui provient, chez la personne âgée, d'une multitude de petites « pannes » tant physiques que psychiques ou symboliques car ces trois sous-systèmes sont reliés et une atteinte de l'un touche l'ensemble du système. | |
| | | clay77 Administrateur
Nombre de messages : 3907 Age : 41 Date d'inscription : 07/05/2006
| Sujet: Re: representation positive de la vieillesse Ven 28 Déc - 13:39 | |
| 3. Comment le travailleur de la santé ou du social peut-il aider la personne âgée à développer son autonomie ? 3.1. Favoriser l'autonomnie par l'analyse systémique Pour éviter que la crise se transforme en panne, le gérontologue autonomisant établit une relation d'aide lors des crises liées aux pertes physiques, psychiques et sociales. Une succession trop rapide de crises empêche la personne âgée de retrouver un nouvel équilibre avant que la crise suivante survienne. Les changements dans le fonctionnement corporel posent des problèmes complexes. En plus de sentiments variables suivant les individus (chagrin, peur, colère, déni...) la personne âgée peut éprouver de la honte. La perception de la maîtrise de son corps a une influence sur les sentiments de honte/fierté : la maladie et le vieillissement peuvent diminuer le contrôle de soi et ceci peut diminuer les sentiments d'estime de soi. La honte est le signalement au Moi que les modèles du Moi idéal ne seront pas atteints. A ce signal, l'individu peut réduire ses aspirations, attentes de soi en ré-envisageant l'idéal du Moi en fonction de la nouvelle réalité. L'autonomie est cette capacité de choisir soi-même, de manière adaptée et réaliste, les critères de réussite en fonction de ses projets, de son propre jugement de la situation sans se couper des informations émises par d'autres. Cependant, cela suppose de humilité et la mise à distance du jugement d'autrui et des messages contraignants appris durant l'enfance et la vie adulte. Quand le travailleur de la santé ou du social peut aider la personnne âgée dans dans ce processus de réactualisation du Moi idéal? Lors d'hospitalisation, la personne âgée vit l'affrontement d'un milieu inconnu, hyper-technicisé, où le langage n'est pas toujours accessible. La personne peut s'y sentir manipulée comme un objet alors que l'anxiété la tenaille souvent. Aider la personne âgée à connaître son environnement et l'équipe thérapeutique (présenter les soignants qui vont s'occuper d'elle) et lui apprendre à communiquer son incompréhension, à poser des questions, sont des attitudes qui peuvent favoriser le dépassement de la crise. Par exemple, l'aider à s'informer elle-même de ses limites, qu'être agressive lors de maladresses. Lorsque la mort paraît proche, la personne âgée a le droit de « vivre son mourir », d'exprimer une crise. Continuer à être autonome malgré des sentiments envahissants n'est pas évident. Les comprendre peut permettre de les dépasser et de mieux accompagner les mourants et leurs proches. Kübler-Ross [13] a décrit les différentes étapes psychologiques liées à l'approche de la mort et nous pouvons y rechercher des éléments utiles pour aider la personne mourante à accepter son départ définitif. La plupart des Occidentaux n'aiment pas regarder l'image de leur mort en face parce que le corps a été envisagé comme une machine que la médecine peut et doit réparer en cas de panne et la mort est un échec. Le déni apparaît comme la meilleure issue mais engendre un paradoxe car la mort s'impose toujours. Et un jour, il faut la regarder de trop près et, finalement, elle est subie plutôt que choisie (comme on décide de passer une épreuve plutôt que de la subir). Pourquoi la mort dérange-t-elle tant? L'être humain vit dans l'immédiat : amours, travail, équilibre personnel ou problèmes financiers... La mort de l'autre dérange car elle remet en question cette vie et cela fait peur : elle nous rappelle que nous allons disparaître avec nos possessions. En cela, elle nous apprend beaucoup : de la relativité des choses et de la nécessité de choisir l'essentiel (qui ne peut être déterminé que par l'individu lui-même). Cependant le déni de la mort a pour conséquence de priver l'être qui meurt de certains droits et aussi de le nier en tant que personne. Aussi est-il important d'apprendre à dire « adieu » c'est-à-dire le deuil. Celui-ci est un processus complexe de plusieurs étapes successives mais interdépendantes : le choc, la reconnaissance d'une perte majeure, la phase dépressive et le dépassement pour se réconcilier avec la vie et se fixer de nouveaux buts. La perte majeure peut être une personne, un objet, une fonction, une relation... Il est à noter : la vie est une succession d'attachements et de séparations et le deuil n'est donc pas un phénomène nouveau à 65 ans. Le vieillard est pourtant particulièrement confronté à des pertes importantes, nombreuses et répétitives. La succession des deuils « pompe » l'énergie vitale qui s'épuise au fil du temps. La personne âgée peut avoir besoin d'aide pour se « centrer sur ce qui continue à être, pour l'aider à aller avec et au-delà de ces deuils ». Le gérontologue peut jouer les rôles de catalyseur, d'animateur ou de médiateur de telle sorte que l'autonomie de chacun soit développée lors de ces crises qui peuvent sembler n'avoir aucun sens. En effet, il peut montrer que l'autonomie dépend de la capacité d'échange, de réciprocité : car l'être humain est un sujet qui se crée à partir de ce qu'il reçoit physiquement, psychiquement, symboliquement, il ne peut y avoir de développement que dans le don et le contre-don. L'offre ultime est dans la mort. En effet, tous les hommes, les femmes et les communautés peuvent bénéficier et continuer à partager ce que la personne a «donné » au cours de sa vie : de l'amour maternel à la création d'une oeuvre, du sourire à un inconnu en détresse jusqu'à l'héritage fabuleux, tout peut être une manne pour développer d'autres êtres vivants. Erikson a appelé « générativité» cette étape de prise de conscience de la nécessité de transmettre aux générations futures le meilleur de soi-même. Nous avons vu le piège dans lequel se sont enfermés la médecine et les praticiens gravitant dans son orbite : pour objectiver, pour développer l'art médical en science, l'homme est morcelé en organes, tissus... Plus grave, le discours engendre des représentations de la vie, des rapports humains, de la mort calquées sur la même procédure mentale, médicalisant ainsi de plus en plus différents secteurs de la vie. Ainsi, quand les personnes âgées parlent de maladie, elles parlent en fait de leurs rapports avec les autres, la société, ellesmêmes. Le gérontologue autonomisant est dès lors un praticien de la maïeutique : faire « accoucher » la personne âgée de sa spécificité, lui permettre de dire sa différence, l'aider à assumer sa solitude fondamentale et à considérer sa liberté comme une chance à saisir pour communiquer, échanger, continuer à s'enrichir des «combinaisons» nouvelles apportées par les autres. Le gérontologue autonomisant peut prévenir, laisser venir au langage les mini-crises afin que la «panne» ne survienne pas et que chacun puisse continuer à se développer plutôt que se rigidifier dans des solutions inadéquates puisque la personne âgée est particulièrement confrontée à la solitude, à la non-accepta-tion des différences liées à l'âge, aux deuils aussi, situations qui peuvent accroître le risque de crises et de « panne ». | |
| | | clay77 Administrateur
Nombre de messages : 3907 Age : 41 Date d'inscription : 07/05/2006
| Sujet: Re: representation positive de la vieillesse Ven 28 Déc - 13:39 | |
| 3.2. Dépasser le symptôme et l’art d’entrer dans le modèle de la personne âgée. Quand une personne demande de l'aide, le symptôme proposé est la « porte d'entrée » que le professionnel doit respecter, écouter. Néanmoins, il est nécessaire aussi de poser les questions adéquates pour clarifier la crise dans toutes ses dimensions. La crise d'un système est un changement d'équilibre et met en cause un modèle de relations. La question individuelle à poser n'est donc pas « pourquoi ? » (question que pose généralement le modèle organique ou adaptatif) mais « comment ? » c'est-à-dire « comment créer une autre structure adaptée à la nouvelle étape de l'histoire du système ? [14] ». La question individuelle sera aussi « comment décrire la crise ? ». En effet, par nature, la crise se trouve entre deux modèles, deux équilibres et il faut repérer les divers aspects des phénomènes en transformation : la confrontation des logiques différentes dans chacun des équilibres permet de dénouer la crise. Prenons comme exemple une « perte » physique : la paralysie du bras droit suite à un accident vasculaire cérébral. Avant la crise, la mobilité permet à la personne de préparer les repas, s'alimenter facilement, écrire à ses amis, etc. Après la crise, la mobilité du bras gauche devrait permettre de compenser en partie la « perte ». L'utilisation de matériel spécialisé peut aussi aider mais pour cela la personne âgée devra apprendre à l'utiliser. Enfin, après la crise, la personne âgée devra formuler plus de demandes à son entourage et celui-ci devra s'adapter à consacrer du temps à cela. Ce dernier point suppose l'acceptation d'une interdépendance. « Poser les bonnes questions est le moteur pour que le système (personne âgée, couple, famille...) puisse trouver le chemin pour dénouer quatre contradictions inhérentes à toute crise : le temps, l'organisation, la connaissance et la décision » [15]. La première contradiction,le temps, vient du fait que lorsqu'un système est en équilibre, les événements se déroulent à un rythme acceptable. Lorsque la crise surgit, les bouleversements se succèdent à une cadence qui apparaît d'autant plus accélérée qu'il n'y a pas de réponse immédiate. La confusion accroît encore plus ce sentiment d'être dépassé par la vitesse des événements : un problème engendrant une multitude d'autres qui eux-mêmes font boule de neige. Par exemple, un couple vit une crise lors de la paralysie du bras droit de l'époux : d'indépendant physiquement et psychiquement, monsieur dépend des autres pour la vie quotidienne et ceci est particulièrement pénible vis-à-vis de l'épouse, jusqu’alors assez soumise. Le second paradoxe concerne l'organisation du système : aucune des règles valables avant la crise ne semble encore adaptée. Pour reprendre l'exemple ci-dessus, avant la paralysie, être autonome voulait dire utiliser son bras. Avec la perte de mobilité, être autonome veut dire être capable de demander de l'aide d'abord et ensuite le faire de telle sorte que l'aidant ne se sente pas « coincé » par la situation. Tout un apprentissage mutuel! Le troisième paradoxe concerne la connaissance qu'a le système de lui-même et comment il se représente le modèle d'équilibre. En effet, les certitudes sont remises en cause, l'échelle des valeurs peut être bouleversée. Il y a donc nécessité de renouveler les relations, les règles et tout ce qui permet aux sous-systèmes de s'articuler pour former un ensemble cohérent, évoluant dans une direction relativement stable. Pour reprendre notre exemple, le couple peut se représenter d'une façon diamétralement différente : d'autoritaire, l'époux physiquement dépendant devra devenir très conciliant pour garder son autonomie puisqu'il devra demander et accepter de l'aide. Le rapport dominant/dominé peut basculer ou bien une nouvelle autonomie peut se créer grâce à un nouveau type de relations. Or, l'apprentissage est un processus en deux étapes (Piaget) : l'accommodation et l'assimilation. En dehors des crises, les deux phases se succèdent. Pendant une période de changements rapides, elles doivent se faire simultanément et la « digestion » s'en trouve malmenée : comment concilier les attitudes de défense et d'ouverture en même temps ? A cause de cela, un sous-système peut jouer un rôle et l'autre un rôle différent. Par exemple, l'un s'attache aux références passées et l'autre s'axe sur le futur. Poser la bonne question est alors sortir de la logique du vrai et du faux pour demander une troisième alternative. Pour notre exemple, sortir du couple dominant/dominé (avant homme dominant et femme dominée, ensuite l'inverse) pour envisager une troisième solution : l'autonomie des deux partenaires dans l'interdépendance mutuellement acceptée et dépassée. Enfin, toute crise suppose la prise de décisions afin de recréer un nouveau modèle relationnel. Or, en période de bouleversements décider peut sembler bien difficile. Postposer peut être une solution. Cependant, elle accroît la durée de la crise et le risque de panne. En effet, les événements continuent à se précipiter et à engendrer de nouveaux problèmes. La question individuelle est donc un ensemble d'interrogations à formuler pour identifier le problème. Il ne s'agit pas d'exposer les problèmes d'hier ou de demain mais ceux d'aujourd'hui : il convient d'intégrer les nouveaux éléments afin de réorganiser le système, envisager les ressources inutilisées pour réinventer un type de fonctionnement réadapté à la nouvelle situation. Contextualiser dans le temps et dans l’espace. La réponse individuelle est autonomisante quand le gérontologue favorise les choix personnels qui augmentent le plus l'autonomie de toutes les personnes impliquées. En effet, si l'entourage se « sacrifie » pour la personne âgée, il y a risque que le système entre en déséquilibre et que les solutions ne durent pas. De plus, la personne âgée est à envisager en fonction de son passé et comment les personnes de son entourage ont contribué à son histoire. Cependant, le gérontologue a également lui-même un « habitus » façonné, en partie par sa propre culture et par celle de l'institution pour laquelle il travaille. Ce contexte temporel, culturel et structurel, le gérontologue va les analyser pour mieux comprendre et traiter les demandes. Même si le symptôme proposé est organique, la démarche qui peut favoriser l'autonomie a comme point de départ la compréhension de la demande réelle. Il est donc important d'analyser cette expression avec soin. Identifier le client, non seulement dans le cadre de ses plaintes physiques mais plus globalement « qui il est ». La personne âgée est insérée dans un contexte temporel et structurel, elle esten fonction de ce qu'elle a vécu, suivant les lieux et l'histoire de sa vie, d'après les relations qu'elle a nouées et dénouées... Pour la com-prendre (prendre tous ses vécus avec les évènements, les plaintes proposées), la démarche d'identification est diachronique et dépend des lieux de vie de la P.A. Envisager les racines socioculturelles de la personne âgée. Les demandes sont influencées par des images, stéréotypes, représentations de la vieillesse. Exemple : la génération qui est née dans les années 1920 (le 4e âge) [16] est une génération qui est née quelques années après la « Grande Guerre » 14-18. Première valeurde cette génération : le TRAVAIL. En effet, les journées de travail étaient longues (14 à 16 heures par jour). Ils travaillaient six jours par semaine et commençaient leur vie professionnelle tout juste après l'enfance (14-15 ans). La contre-valeur : la PARESSE. Deuxième valeur : le REPOS (le travail donne droit au repos). Ce droit au repos est souvent pris au pied de la lettre. Par exemple, participer à un « atelier» d'animation est assimilé à travailler. Or, la pension est le droit au repos, par conséquent il ne faut pas proposer « d'atelier ». Les vacances, la retraite ont été acquises et donnent droit à l'immobilisme. Le danger vient donc des complications de la sédentarité : qui atteint les fonctions physiques, intellectuelles, sociales. Troisième valeur : l'ETHIQUE, la MORALE. Cette génération a vécu les deux guerres mondiales qui leur ont appris les valeurs d'ordre et de discipline. Par contre, les conciles de l'Eglise catholique et « Mai 68 » leur ont fait comprendre la relativité du Bien et du Mal. Exemple : les femmes : avant 20 ans : soumise au père, après 20 ans : soumises au mari, après 60 ans : soumises à la souffrance ? Certains après une vie de « oui » ont des difficultés à dire « non ». C'est donc une génération qui cherche la sécurité par l'ORDRE. Quatrième valeur : l'ARGENT. Il y a les « fourmis » et les « bas-de-laine ». Les « fourmis » : qui ont beaucoup épargné par peur du risque, d'être dans une situation de non-prévoyance. Exemple : une dame disait : « Je ne dois plus penser qu'à moi et j'épargne encore ». Les "bas de laine" : la classe ouvrière n'avait pas confiance dans les banques à cause du krack boursier qu'ils ont vécu dans leur petite enfance. Cinquième valeur : le PATRIOTISME. La défense du territoire les a marqués et parfois ils ne comprennent pas les mouvements antimilitaristes, par exemple. Sixième valeur : la NOURRITURE, dans le sens large, c'est-à-dire la satisfaction des besoins physiologiques : l'alimentation, le logement, le lit, la santé... Exemple : les plus beaux bébés étaient les plus gros. Cette génération a encore l'angoisse ancestrale de la famine, contrairement aux générations suivantes. Elle a donc horreur du gaspillage ou, au contraire, pour faire bourgeois, il faut laisser un peu dans son assiette. Cet exemple montre qu'une génération a ses caractéristiques propres en fonction des grands événements sociaux qui l'ont marquée. Savoir quels sont les faits marquants de la vie d'une personne âgée, comprendre comment elles les a vécus à l'époque et comment elle les a « digérés » aujourd'hui, permet d'appréhender la dimension symbolique de la personne âgée. Sans cela, il est difficile à un gérontologue d'évaluer les valeurs essentielles de la personne à aider. Or, ceci est primordial car les valeurs façonnent les motivations, les projets mais aussi les actes. Par les « récits de vie », le professionnel peut mieux comprendre et aider la personne âgée. | |
| | | clay77 Administrateur
Nombre de messages : 3907 Age : 41 Date d'inscription : 07/05/2006
| Sujet: Re: representation positive de la vieillesse Ven 28 Déc - 13:40 | |
| Analyser les référents temporels. Ecouter activement la demanderéelle derrière les plaintes, faire expliciter : - les faits chronologiques et les mettre dans l'ordre avec la personne âgée, en écoutant les vécus, les sentiments associés ; - les actes qui permettent de réfléchir sur la continuité de sa vie malgré les changements et avoir conscience de l'ensemble de son existence ; - les « rêves » qui ne sont ni du passé, ni du présent, ni du futur, mais de l'ordre des projets imaginaires. Les personnes âgées ont une temporalité circulaire ? Cette hypothèse a été émise par J. Gaucher [17]. A l'âge mûr, les adultes envisagent le futur en fonction du présent. Souvent, ils « tournent le dos » au passé, tout au plus s'appuient-ils sur leurs connaissances des faits anciens pour réenvisager un projet sur lequel ils se heurtent. Bien entendu, ce passé les influence directement mais ils n'en ont pas pleinement conscience. Lors de l'acceptation de la réalité de la mort, la temporalité change progressivement. En effet, comme la conscience de la mort devient inéluctable, l'avenir risque de n'avoir plus de sens, sauf si la personne peut investir dans des petits enfants, par exemple, ou un projet qui peut lui survivre. Si ce n'est pas le cas, elle peut se replier sur l'immédiat ou sur le passé. La réactualisation de soi s'élaborera donc grâce à des dialogues, à la rencontre avec le passé et aux capacités personnelles présentes de réguler ces traces mnésiques en un projet. « La personne âgée dite sénile n'aura peut-être plus la notion d'identité actualisée parce que son histoire s'est interrompue un jour » [18]. De plus, le vieillard est souvent « investi que comme vestige du temps de sa splendeur et non pour ce qu'il est devenu » [19]. Certains messages sont adressés à un quelqu'un qui a changé : ce n'est pas celui qui est ici et maintenant. Peu investi, cet être actuel ne mobilise plus d'énergie pour des relations insatisfaisantes. Or, toutes les fibres humaines, physiques, mentales, nécessitent une stimulation continue pour vivre et fonctionner. Toute privation sensorielle signifie une carence de stimulations qui va accélérer la dégénérescence associée aux processus de la sénescence [20]. Dès qu'il y a des symptômes psychiatriques, il est urgent d'intervenir pour éviter que le processus se boucle : que la personne âgée soit isolée par une perte physique ou par un problème psychiatrique, la réduction de certaines facultés en entraînera d'autres. Le renforcement mutuel des symptômes déficitaires et psychiatriques peut entraîner le diagnostic de « démence sénile ». Or, celui-ci est un paradoxe : par définition le sujet dément est incurable et, par conséquent, vouloir le guérir est faire ce qu'on a décrété comme impossible. Cette étiquette de « dément » fige ainsi la personne âgée entre la vie et la mort. Faut-il s'étonner, alors, que le dément s'exprime si fort? Le soignant peut aussi se sentir agressé par la société qui lui demande de s'occuper de « l'insoignable » : n'est-ce pas une proposition de disqualification ? Il est donc essentiel de changer la façon d'observer : voir dans les premiers symptômes un appel à la communication et une recherche d'économie d'un système relationnel perturbé. Enrayer le cycle infernal le plus tôt possible est une autre priorité afin que le pourcentage de fausses démences diminue au lieu d'augmenter (14 à 33 % des malades hospitalisés pour un syndrome démentiel ne sont pas des déments) [21]. En conclusion, la demande est le point de départ essentiel à une réponse autonomisante. Quelle que soit la profession de base du gérontologue, apprendre à voir au-delà de ce que la personne âgée présente est une nécessité pour représenter la crise, établir des relations autonomisantes et pouvoir orienter, si nécessaire, vers un professionnel plus adapté à la demande réelle. De plus, le gérontologue autonomisant ne peut ignorer les messages envoyés par la collectivité ni par les individus : il est l'interface, le miroir afin de permettre un choix qui favorise l'autonomie de toutes les parties en présence. 3.3. Autonome : un minimum de pouvoir sur son environnement. Le gérontologue peut stimuler la prise de pouvoir individuel et collectif dans différents lieux de travail et à divers moments des étapes de la relation ou de l'animation. Par exemple, lors de l'accueil dans un nouveau lieu de vie de la personne âgée, le gérontologue peut l'informer des modalités de fonctionnement de l'institution afin quelle puisse utiliser elle-même les avantages offerts et éviter les inconvénients. Autre exemple : lors de la préparation à la retraite, le gérontologue peut éviter le piège d'une formation scolaire et volontariste [22] où le professionnel présente lemodèle de vieillesse réussie. Il préférera se centrer sur les objectifs personnels et collectifs proposés par les retraités et en ayant comme but la maîtrise des sources de pouvoir. M. Crozier et E. Friedberg [23], ont constaté quatre sources de pouvoir.Les connaître permet d'élaborer des stratégies pour maîtriser son environnement, sa vie : réaliser ses objectifs tout en s'insérant dans un réseau de collaborations, de réciprocités. Posséder une compétence difficilement remplaçable. Les personnes âgées ont souvent acquis un savoir-faire, ils disposent d'expériences mais, vu que des connaissances se renouvellent tous les jours, il est nécessaire de réadapter ou réapprendre de nouvelles compétences. Ceci demande de l'humilité et oblige de confronter les représentations du passé avec celles des générations montantes. Le problème de la motivation est certain et par conséquent l'étude des demandes semble une nécessité. La collectivité, par divers moyens, pourrait valoriser les compétences des personnes âgées : par exemple, par la permission de dépasser le plafond admis des rémunérations en sus de la pension et ceci dans certains domaines d'utilité publique. La maîtrise des relations avec l’environnement. Connaître les structures sociales, comprendre les relations existantes au sein des organisations, être capable de communiquer avec les institutions sont des objectifs constants de toute personne désirant être « acteur » dans la vie sociale. Aussi, faudrait-il encourager les personnes âgées à créer et développer des groupes d'entraide. Ils ont pour but de partager des difficultés communes afin de les dépasser avec l'aide de quelques-uns qui vivent la même situation. De plus, ces groupes ont souvent une vocation de défense vis-à-vis de la société ou de revendication. N'est ce pas non plus un moyen de défendre la présence des personnes âgées en même temps qu'elles défendent des objectifs plus ponctuels. Dans des groupes d'entraide, le gérontologue peut être animateur, formateur, conférencier invité. Cependant, il nous semble encore plus autonomisant de susciter des interactions dans les groupes, chez les individus pour qu'ils apprennent à se renseigner eux-mêmes et se donnent des « outils méthodologiques » pour remettre régulièrement ces informations à jour et aussi pour faire circuler les nouveautés. Il n'est plus à démontrer qu'il vaut mieux soutenir des recherches autonomes plutôt que de « donner » l'information, aider à communiquer avec les organismes plutôt que de défendre l'usager. La communication et la négociation. La communication est le fait de transmettre et de recevoir des informations par différents canaux. Il s'agit d'écouter et de dévoiler des sentiments, des pensées, des valeurs... Souvent, l'individu a intégré des messages contraignants au cours de la vie et ceux-ci empêchent de communiquer dans une certaine gamme : par exemple, certains ont des difficultés d'exprimer de l'agressivité. Le gérontologue ou certains groupes d'entraide peuvent débloquer certaines difficultés personnelles. Ils peuvent aussi choisir de communiquercollectivement, par exemple pour revendiquer un droit. Le gérontologue peut les aider à maîtriser l'art de la négociation. Capacité d’utiliser les règles des organisation. Pour avoir du pouvoir dans les organisations, la société, il est nécessaire de connaître les règlements, les us et coutumes, les hiérarchies à respecter... Comme ces règles changent, il est indispensable de les remettre à jour, comprendre les nuances actualisées, etc. Il s'agit donc d'un jeu intellectuel, intuitif, qui n'est pas à la portée de tout le monde, surtout quand on est isolé. Un groupe d'entraide peut faciliter l'apprentissage de ces capacités et peut partager le travail de recherche et de mise à jour. En effet, le manque de connaissances des personnes âgées quant à leurs droits et des services dont elles pourraient demander de l'aide, est parfois significatif de leur isolement et de l'appauvrissement de leur bagage culturel. Avoir comme objectif de se centrer sur l'information est donc utile afin que les personnes âgées puissent se rendre compte des ressources de leur environnement. Cependant, il est souvent nécessaire de l'envisager dans une perspective plus vaste et de faire participer les personnes âgées au processus d'adaptation des services aux besoins. Ainsi, les actions d'informations sont réciproques : les professionnels, en expliquant les ressources disponibles, peuvent récolter des données sur les conditions de vie et les problèmes des personnes âgées. Ainsi, le praticien peut améliorer la quantité et l'accessibilité des services ainsi que la participation des personnes âgées à leur organisation qui permet aux personnes âgées de sortir de leur isolement et d'augmenter l'efficacité des dispositifs d'aide. En envisageant les problèmes au niveau d'une commune, par exemple, il faut penser à l'ensemble des populations pourfavoriser l'entraide entre des groupes sociaux différents [24]. En effet, il ne s'agit pas de favoriser un groupe social dans une communauté, il s'agit, au contraire, de développer les « solidarités chaudes » car les besoins des groupes sociaux peuvent êtres complémentaires. Par exemple, un home pour enfants moralement abandonnés s'est associé avec des personnes âgées pour que celles-ci participent à des activités avec ces enfants, aillent promener avec les bébés, etc. Ainsi, les bambins reçoivent de l'affection dont ils sont en manque et les personnes âgées participent à une action utile et agréable. En conclusion, le gérontologue cherche à mettre en relation des groupes différents de telle sorte que les besoins des uns soient satisfaits par les compétences des autres et vice-versa. Pour tout cela, il faut faire des choix, trouver des soutiens politiques et financiers, faire travailler l'imagination et surtout du temps, de la disponibilité. Or, les technologies actuelles nous offrent cette chance de travailler moins. Cependant, au lieu d'en profiter, les sociétés post-industrielles surchargent certains citoyens de travail, souvent cumulé avec des responsabilités familiales et conviviales alors que d'autres souffrent de chômage ou de préretraite. N'y a-t-il pas une nouvelle répartition du temps à concevoir ? Partager le temps de liberté et temps de travail 25 peut être une réponse à des problèmes de dépendance dans la petite enfance et dans le grand âge ? La question économique n'est pas simple, on l'a constaté en France avec la semaine de 35 heures, mais peut-être faudrait-il lier la diminution du temps de travail à une plus grande responsabilité et participation des usagers des services d'aide aux plus faibles. Par exemple développer des maisons de repos moins coûteuses pour les familles qui travailleraient une demi journée par semaine pour soulager un peu le personnel du home tout en apportant de leurs compétences, de leur créativité et autres resources extérieures. Ceci implique une participation, parfois conflictuelle, à la vie sociale qui induit la dialectique responsabilité/liberté. Nous rejoignons ainsi le concept d'acteur social [25] : le sujet qui s'allie avec d'autres, ses pairs généralement, pour participer au changement social par des conduites de transformation interne, de coopération, et des conduites de rupture. Il recherche le consensus temporaire sans éviter le conflit. Pour cela, le sujet ne peut être isolé : il lutte, avec d'autres identifiés comme semblables à lui, pour les valeurs auxquelles il adhère et contre un adversaire désigné qui peut être l'ordre social tout entier. Pour cela, l'apport de la gérontologie sociale m'a été indispensable : pour ouvrir la réflexion au-delà des représentations induites par le modèle médical. En effet, cette formation m'a permis de considérer la personne âgée comme un système qui vit dans et en interaction avec d'autres systèmes : le couple, la famille, le quartier ou amis, la société. Les intervenants ne peuvent permettre l'autonomie que s'ils tiennent compte de ces contextes qui ont une histoire, une originalité, un langage, un modus vivendi. Permettre à la personne âgée d'être autonome suppose de répondre à ses demandes pour se développer comme sujet. Ceci dépend des facultés du cerveau (par exemple, percevoir et interpréter les messages de l'entourage), mais aussi des capacités d'échange avec soi-même (par exemple, prendre conscience des changements personnels mais aussi de la continuité de la personnalité) et enfin, pouvoir être un sujet dépend des possibilités de donner du sens à sa vie, de l'orienter en fonction de ses valeurs, de ses buts personnels et collectifs. Ainsi, les interventions individuelles autonomisantes peuvent se définir comme des communications, relations et actions qui permettent à la personne âgée d'exprimer une crise, qu'elle soit organique, psychique ou symbolique, de telle sorte qu'elle puisse se (re)déterminer et s'affirmer comme sujet et acteur social. Elles n'ont pas pour but de changer la personne âgée mais de mettre en place les conditions favorables pour que l'autonomie puisse se développer, en intégrant le passé pour vivre le présent et construire le futur en interaction avec les autres et l'environnement. | |
| | | clay77 Administrateur
Nombre de messages : 3907 Age : 41 Date d'inscription : 07/05/2006
| Sujet: Re: representation positive de la vieillesse Ven 28 Déc - 13:40 | |
| Les interventions collectives autonomisantes sont envisagées comme des interactions qui confrontent les personnes âgées aux problèmes de société, de communauté, d'entourage, d'une part, et qui interpellent les pouvoirs publics, les institutions, la population générale, les associations locales, d'autre part, afin qu'ils comprennent les demandes des personnes âgées, tentent d'y répondre comme à des partenaires, des citoyens, des acteurs à part entière. En un mot : les interventions qui favorisent échanges et participations effectives. Le « travailleur-gérontologue » est un professionnel de la santé et/ou du social qui pratique son art auprès des personnes âgées. Il a des rôles actifs à jouer de part et d'autre des relations que la personne âgée établit autour d'elle. En effet, il peut favoriser l'intégration du passé notamment afin de réussir la dernière étape, en convivialité avec l'entourage, la société et même l'humanité. Il devra susciter des débats pour faire des choix éthiques avec toutes les couches de la société, et donc aussi les personnes âgées. L'avenir des sociétés occidentales, dont la proportion d'individus de plus de 70 ans ne fait qu'augmenter, exigera des remises en question des systèmes mis en place. Est-ce à l'économique seul à mener le débat, d'imposer ses lois ? « Faire reculer l'exclusion, c'est mobiliser de manière systémique tous les moyens politiques, économiques et sociaux, en associant professionnels et bénévoles dans un partenariat avec les individus et les familles décidés à s'en sortir [26] ». Haute Ecole Léonard de Vinci et Haute Ecole Galilée Institut Supérieur d'Enseignement Infirmier Clos Ch-aux-Champs, 41 BP 3960 B-1200 Bruxelles | |
| | | provence Force Vive
Nombre de messages : 4780 Age : 83 Emploi/loisirs : lecture, ballade, télé, ordi, cinéma..et être avec mon chum Date d'inscription : 04/05/2006
| Sujet: Re: representation positive de la vieillesse Sam 29 Déc - 14:57 | |
| J'ai ben dla misère à trouver quelque chose de positif dans la vieillesse surtout que dans la société d'aujourd'hui, c'est me, myself and I...... Chacun pour soi. Évidemment, y'a des gens encore compatissants mais beaucoup ne se préoccupent que d'eux-mêmes. | |
| | | clay77 Administrateur
Nombre de messages : 3907 Age : 41 Date d'inscription : 07/05/2006
| Sujet: Re: representation positive de la vieillesse Mar 8 Jan - 1:11 | |
| On ne pense quà soi et heureusement qu'il y a ce forum pour donner de soi ! surtout danie !! | |
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| Sujet: Re: representation positive de la vieillesse | |
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| | | | representation positive de la vieillesse | |
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